Le plus beau dinosaure
de Mélanie ErhardyIl était une fois, au temps des dinosaures, des triplés qui s'appelaient Chiche, Grunge, et Bof. C'était des dinosaures ni très futés ni très féroces; des dinosaures comme tout le monde, en somme !
Mais ces dinosaures-là s'ennuyaient toute la journée.
"Ah, comme on s'embête ! Soupirait Chiche.
- On n'a rien à faire ! Pleurnichait Grunge.
- Il ne se passe jamais rien !" grognassait Bof.
- Et qu'est-ce qu'il y a de plus triste que des dinosaures qui font la tête et traînent des pattes sans savoir où aller ?
Tout en poussant de gros soupirs, les triplés se baladaient à travers la forêt. Tout à coup, Chiche s'arrêta :
"Regardez-moi ça ! S'écria-t-il en montrant de grandes marques profondes dans le sol.
- On dirait des traces de pattes ! Dit Grunge.
- Oui... et des pattes énormes !" ajouta Bof, très excité.
En effet, ces empreintes étaient si grandes qu'on aurait pu y garer des autobus.
Mais comme les autobus n'existaient pas à l'époque des dinosaures, les triplés n'y pensèrent pas. Étaient-ils curieux ou mouraient-ils de peur ? On ne sait pas...
Ce que l'on sait, c'est qu'ils décidèrent :
"Suivons ces traces pas à pas ! dit Chiche, le plus courageux des trois. Nous tomberons sûrement sur quelque chose d'intéressant !"
Ainsi, Chiche, Grunge et Bof se mirent à marcher à la queue leu leu.
Ils ne marchèrent pas longtemps, car il n'y eut bientôt plus de trace à suivre.
"Bizarre ! Très bizarre ! se dirent les triplés. Si c'est un monstre, il s'est envolé. Peut-être a-t-il des ailes ?
- Ou est-il parti sur un nuage ? Dit Bof.
- Ou est-il rentré sous terre ?" ajouta Grunge, un peu inquiet.
Une petite voix répondit, au-dessus des arbres :
"Pas du tout ! Oh, mais pas du tout !"
Étonnés, Chiche Grunge et Bof levèrent les yeux. Et là, ils virent une tête plonger dans leur direction. Cette tête avait plutôt l'air gentil, au bout d'un très long cou. Le corps aussi était très très grand...
"Salut, grand Diplodocus !" dirent un chœur les triplés, en faisant une petite révérence.
Évidemment, ils avaient intérêt à être très polis, car si cet énorme animal leur marchait sur les pieds, cela ferait très mal. Et si c'était un chasseur, les trois amis ne voulaient pas finir dans son gros estomac ! Et hop ! Encore une petite révérence.
Le diplodocus les rassura tout de suite :
"Ne craignez rien ! Je ne mange que du vert et je pleure beaucoup !
- Pourquoi donc ? Demandèrent les triplés.
- Vous comprenez, je suis si énorme que je dois manger des kilos et des kilos de feuilles. C'est pour cela que personne ne m'invite à déjeuner. Et je suis toujours seul... terriblement seul !"
A ces mots, le malheureux diplodocus essuya une larme.
"Ne pleurez plus, lui dirent les triplés. Nous allons organiser une grande fête ! Et il y aura un concours, celui du plus beau dinosaure !" lui dirent-ils.
De partout, les dinosaures accourent pour participer au concours. Il y en avait de gros patauds et de petits féroces, des dinosaures à bec et d'autres à crocs. C'était une très belle horreur ! On dansa un peu, puis on se prépara pour le concours.
Les dinosaures se mirent en ligne et se regardèrent entre eux.
"C'est bien moi le plus laid, pensa chacun, je vais voter pour moi !"
Bien sûr, ils gagnèrent tous une médaille et tout le monde fut très content. Tous sauf le stégosaure, qui gigotait en essayant d'enlever sa médaille que l'on avait entortillée qutour de sa queue (car on ne pouvait pas la mettre ailleurs !)
La fête passée, tous les dinosaures s'éloignèrent en chantonnant :
"Au revoir ! A bientôt pour un autre concours !"
Chiche, Grunge et Bof leur firent coucou de la main, en se disant :
"Eh bien, c'était une chouette fête ! Et regardez comme il est content, notre ami le pleurnicheur !"
Le très grand, très gros diplodocus se dandinait en agitant sa médaille : il avait retrouvé la joie. Et sa petite tête souriante dansait parmi les nuages.